Alexander Langer: Dix points pour l’art de vivre ensemble
Très souvent on me demande quelles expériences et quelles suggestions j’ai pu tirer de mon expérience de communication, de conflit et de coexistence inter-culturelle dans mon pays (un engagement qui a marqué et rempli toute ma vie) et de l’expérience plus récente au parlement européen ou, en général, au sein des mouvements européens pour la paix et la solidarité.
On me demande très souvent quelles expériences et quelles suggestions j’ai pu tirer de mon expérience de communication, de conflit et de coexistence interculturelle dans ma région natale (cet engagement a marqué et d’une certaine façon rempli le parcours de ma vie) et mon expérience plus récente au Parlement européen ou, en général, dans les mouvements européens pour la paix et la solidarité.
C’est ainsi que j’ai eu l’idée mettre par écrit mes réflexions sur la coexistence ou l’art de vivre ensemble que j’ai présenté, discuté et peaufiné à plusieurs reprises.
Je me rends compte qu’un petit texte (plutôt abstrait, sans faire référence à une situation précise) qui contient un ensemble de considérations sur des situations de contact et de conflit interethnique (ou interculturel, racial, confessionnel) pourrait être perçu comme trop générique et vague. Toutefois, je suis aussi convaincu que le temps est désormais venu de s’occuper moins de la définition des droits ethniques (ou nationaux, ou confessionnels etc.) et qu’il faut plutôt déterminer des critères pour construire un système juridique pour la coexistence multiculturelle, qui bien évidemment ne pourra plus se limiter à un ensemble de normes, mais devra plutôt se fonder sur des valeurs et des pratiques de tolérance et de connaissance réciproques.
Dix points pour l’art de vivre ensemble
1. La coprésence de différents groupes ethniques va devenir la norme plutôt que l’exception : nous avons le choix entre l’exclusivisme ethnique et un modèle de vie les uns à côté des autres
A l’avenir, en Europe et surtout dans les villes, nous aurons des communautés de langue, culture, religion et ethnie différente qui se partagent un territoire. Le phénomène n’est toutefois pas nouveau, car dans l’Antiquité et au Moyen Âge beaucoup de villes avait déjà un quartier africain, grecque, arménien, juif, polonais, allemand, espagnol etc.
Le fait que des gens appartenant à des ethnies, des cultures, des confessions religieuses, des nations et des langues différentes vivent ensemble sur un même territoire est donc la règle plutôt que l’exception, et le sera toujours davantage. Cependant ce n’est pas toujours facile, bien au contraire. La diversité, l’inconnu et tout ce qui est étranger complique la vie, peut faire peur et éveiller notre méfiance, provoquer des tensions, voire des conflits, jusqu’à arriver au terrible mors tua, vita mea (le malheur des uns est la condition du bonheur des autres). Il suffit de penser à quelqu’un qui après le mariage change de vallée ou simplement déménage et doit donc s’adapter, mais à son tour demande du respect et de l’esprit d’adaptation. Les migrations sont toujours plus nombreuses et la mobilité de notre vie moderne multiplient inévitablement les occasions de contacts interculturels et interethniques partout dans le monde. Pour la première fois dans l’histoire nous pouvons – peut-être, espérons-le ! – choisir en toute conscience d’affronter et trouver une solution pacifique aux déplacements si nombreux de personnes, groupes et peuples, même si ces migrations sont très souvent causées par la violence (misère, exploitation, destruction de l’environnement, guerre, persécution). Mais la rhétorique et les déclarations de bonnes intentions ne suffisent pas : si on veut vraiment construire une coexistence sociale sur un même territoire, il faut développer l’art complexe de vivre ensemble.
De l’autre côté, il apparaît toujours plus clairement qu’imposer des prétendus droits ethniques ou bien des droits invoqués sur la base de principes semblables (comme par exemple la nation, la confession religieuse, la tribu, la race) ayant pour objectif la construction de l’état ethnique, la sécession ethnique, l’épuration ethnique, l’homologation nationale etc. mène à des conflits et à des guerres qui peut prendre des dimensions imprévisibles. Choisir entre l’exclusivisme ethnique (indépendamment de sa motivation et même s’il s’agit d’autodéfense) et la coexistence de différentes ethnies est de nos jours la question essentielle qui se pose à l’intérieur de la problématique ethnique, sans considérer s’il s’agit d’ethnies opprimées ou minoritaires, immigrées depuis longtemps ou récemment, de minorités religieuses ou ethniques, que l’on parle de résurgences ethniques ou de conflits entre différentes ethnies, confessions ou cultures.
Le fait que différentes ethnies vivent sur un même territoire peut être perçu et vécu comme un enrichissement et une opportunité ou bien comme une condamnation. Il ne s’agit pas de prêcher contre le racisme, l’intolérance et la xénophobie, il faut plutôt des expériences positives et des projets qui montrent de façon crédible la culture de la coexistence.
2. Identité et coexistence, deux notions indissociables – pas d’inclusion ni d’exclusion forcée
« Plus nettement on se sépare et mieux on se comprendra. » : c’est ce que l’on a longtemps proclamé dans ma région et actuellement se poursuit la tendance à affronter par la séparation les problèmes liés à la présence simultanée de différents groupes ethniques. L’idée du « melting pot » américain n’a pas eu un grand succès en Europe et beaucoup de gens protestent contre une assimilation plus ou moins forcée. Mais au même temps, il y a aussi des mouvements pour l’égalité et la parité et contre l’émargination et la discrimination ethniques.
Jusqu’à présent on a essayé la politique de l’inclusion forcée (assimilation, interdiction d’utiliser une langue, de pratiquer une religion etc.) ou bien celle de l’exclusion forcée (émargination, ghettoïsation, expulsion, extermination). Ni l’une ni l’autre ont donné de grands résultats. Il faut un plus large éventail de possibilités pour les choix individuels et collectifs : des moments « d’intimité ethnique » ( « on reste entre nous »), mais aussi des moments de rencontre et de coopération entre les différents groupes. Les garanties pour la conservation de l’identité doivent aller de pair avec l’égalité et la participation en s’intégrant réciproquement. Cela ne demande pas seulement des réglementations et des institutions publiques, mais surtout que les communautés concernées choisissent le vivre ensemble plutôt que la confrontation.
3. Connaissance réciproque, dialogue, information et interaction : « Plus nous aurons affaire les uns aux autres et mieux on se comprendra. »
Vivre ensemble offre et au même temps demande beaucoup de possibilités pour se connaître mutuellement. Afin que cela puisse se faire avec la même dignité et sans émargination, il faut se connaître le plus possible. « Plus que nous aurons affaire les uns aux autres et mieux on se comprendra », pourrait être la réponse au slogan séparatiste cité ci-dessus. Apprendre à connaître et comprendre la langue, l’histoire, la culture, les habitudes, les préjugés, les clichés et les peurs de différentes ethnies qui vivent ensemble sur le même territoire contribue fortement à créer de bonnes relations. Les médias qui s’adressent au même temps à plusieurs ethnies (journaux, émissions radiophoniques et télévisées etc. plurilingues et multiculturelles) mais aussi les occasions communes de formation ou de loisirs peuvent contribuer beaucoup. Toutes les occasions de rencontre, toute invitation adressée à « l’autre » pour assister de temps en temps à des événements « internes » d’une communauté qui n’est pas la nôtre (fêtes, célébrations etc.) ou bien de simples invitations à partager des repas peuvent jouer un rôle important. Des livres d’histoire en commun, fêter ensemble des anniversaires d’événements publiques, voire, si possible, prendre part à des moments de prière ou de méditation peut aussi aider à éviter le risque que des visions ethnocentriques puissent s’ancrer jusqu’au point de devenir des idées préconçues dangereuses.
4. Ethnique c’est chic, mais il faut aussi avoir d’autres dénominateurs communs comme l’environnement, le genre, les questions sociales, le temps libre etc.
Structurer une communauté suivant des critères ethniques peut avoir sa légitimité et parfois même de bonnes raisons, à condition que cette forme soit choisie librement et qu’elle ne devienne pas à son tour exclusive et donc intégriste et totalitaire. Il faudra donc accepter des partis ethniques, des associations ethniques, des clubs ethniques, voire aussi des écoles et des églises ethniques, mais il est évident que si l’on veut encourager la coexistence, il faudra valoriser toutes les autres dimensions de la vie personnelle et communautaire qui n’ont pas un caractère ethnique prédominant. Il faut avant tout penser à l’environnement et à sa défense, mais aussi aux objectifs et aux intérêts professionnels et sociaux ainsi qu’aux besoins liés à l’âge et aux domaines liés au genre, où la sensibilité féminine peut aider dans beaucoup de cas à assouplir la rigidité de la séparation ethnique. Il faut éviter qu’une personne passe toute sa vie et tous les moments de sa journée à l’intérieur de structures et dimensions ethniques et lui offrir des opportunités de contacts interethniques et interculturels. C’est essentiel que les gens puissent se rencontrer et parler directement sans que ce soit par l’intermédiaire du « représentant diplomatique » de leur ethnie. C’est pourquoi il est extrêmement important que même dans les sociétés ou les groupes qui ont une forte connotation ethnique chacun puisse jouir des droits individuels à côté des droits collectifs nécessaires. Beaucoup de droits ont bien évidemment leur dimension ethnique et par là nécessairement une dimension collective : ils concernent la langue, la sauvegarde de la tradition etc. Toutefois on doit pouvoir bénéficier de ces droits collectifs (et surtout des droits sociaux comme le logement, le travail, la santé, l’assistance sociale etc.) indépendamment de toute appartenance ethnique.
5. L’appartenance ne doit pas être une structure figée. Il ne faut pas empêcher les appartenances et participations plurielles
Normalement l’appartenance ethnique ne doit pas être définie ou délimité d’une façon spécifique : elle est le résultat de l’histoire, de la tradition, de l’éducation, des habitudes bien avant d’être une option, une volonté ou bien un choix. Plus la définition de l’appartenance et la délimitation envers les autres sont rigides et artificielles, et plus les pulsions conflictuelles et le risque d’un conflit augmentent. L’emphase mise sur la discipline ethnique, voire l’imposition d’une loyauté ethnique, par exemple dans la langue utilisée, dans les pratiques religieuses, dans la façon de s’habiller (jusqu’à l’imposition d’un uniforme) ou dans les comportements quotidiens, ainsi que le fait de définir légalement l’appartenance (avec l’inscription dans un registre, l’annotation sur des documents etc.) conduisent à la pratique néfaste d’avoir à se compter et à se mesurer. Tout cela peut mener à des épreuves de force, à dresser des barricades et des frontières physiques et même à la demande d’un territoire pour chaque ethnie.
Il faut au contraire préférer une interprétation plus pragmatique et plus flexible – et surtout moins exclusive – de l’appartenance à une ethnie, une confession religieuse etc. Il faut permettre une certaine osmose entre les différents groupes. Les frontaliers doivent pouvoir s’agréger d’un côté et de l’autre. Il faut également des « zones grises », des territoires où l’on peut se déplacer librement sans l’obligation d’avoir toujours à se déclarer et où l’échange est plus libre, fait de dialogue et d’interaction.
Afin de prévenir les conflits ethniques, la xénophobie, le racisme, il faut éviter de coller aux gens par la loi une « étiquette » ethnique, confessionnelle ou même raciale. La véritable autodétermination des personnes et des groupes ne doit pas viser à établir les frontières de son territoire ou des interdictions d’y pénétrer, mais plutôt partir de la définition en positif de ses valeurs et de ses objectifs et ne doit sûrement pas aboutir à l’exclusivisme et à la séparation. Il doit y avoir aussi la possibilité d’être ouvert et loyal à l’égard de plusieurs groupes – sans exclusivité ! Surtout les enfants des immigrés ou des « familles mixtes » ainsi que les personnes de formation pluraliste et cosmopolite ont besoin de cette possibilité.
6. La dimension pluriethnique doit être reconnue et rendue visible. Les normes, les signes d’appartenance et les symboles ainsi que les gestes de la vie quotidienne doivent être le reflet de la pluralité.
La présence simultanée de différentes ethnies, langues, cultures, religions et traditions sur le même territoire, dans la même ville, doit être reconnue et rendue visible. Les appartenants aux différentes ethnies doivent pouvoir se sentir chez eux, leur droit de cité doit être reconnu et leur aspiration à s’enraciner prise en compte. Le bi- ou le plurilinguisme, le droit d’exister pour les différentes institutions religieuses, culturelles, linguistiques ainsi que la présence de structures et d’occasions de rencontre sont des éléments importants pour la culture du vivre ensemble. Plus on garantit la libre expression de l’identité sur tout le territoire en commun à travers les différentes religions, langues et cultures, moins quelqu’un pourra prétendre avoir un territoire, des institutions etc. en exclusivité et moins il y aura des luttes pour établir à qui « appartient » un endroit ou un autre – il suffit de penser aux conflits qui durent depuis des siècles entre les religions et les confessions pour avoir l’exclusivité sur les saints lieux de Jérusalem ! Toute sorte d’exclusivisme ou d’intégrisme ethnique peut être plus facilement évitée en assurant la présence simultanée de signes, langues, symboles et institutions multiformes. (Selon l’évêque Franjo Komarica de Banja Luka en Bosnie « un champ plein de toutes sortes de fleurs est bien plus beau qu’un autre où il y en a un seul type ».)
L’Europe a eu beaucoup de mal et il a fallu plusieurs guerres pour apprendre à accepter que différentes confessions puissent coexister sur le même territoire, sans que l’une d’entre elles essaie de dominer les autres ou de les chasser. Maintenant il faut étendre le même processus aux réalités multiethniques. Arriver à vivre ensemble sur le même territoire avec des droits individuels et collectifs qui garantissent à tout le monde la même dignité et la même liberté, doit devenir la règle et pas l’exception.
7. Garantir les droits ne suffit pas, car des règles ethnocentriques favorisent des comportements ethnocentriques
Il ne faut pas croire que l’identité ethnique et la coexistence interethnique puissent être garanties par des lois, des institutions, des structures et des tribunaux, si elles ne sont pas ancrées dans la société et ne sont pas approuvées par la population. Cependant il ne faut pas sous-estimer l’importance d’avoir des normes claires et rassurantes qui donnent à tout le monde le droit à l’identité (grâce à des droits linguistiques, culturels, concernant l’école et les médias etc.), à l’égalité (participation, information, contre toute discrimination), à l’autogouvernement sans aucune obligation de rattachement à une autre communauté. Il est particulièrement important que là où plusieurs ethnies, confessions religieuses etc. vivent ensemble, l’autonomie locale soit assez large, afin que toute la communauté locale (sans discrimination) se sente responsable et ressente qu’elle appartient au même territoire, à cette « patrie » tout à fait particulière : cela pourrait contribuer à décourager toute tentative de résoudre les tensions et les conflits en ayant recours à la force (annexions, changements de frontière etc.).
Il ne faut pas non plus oublier que des lois et des structures fortement ethnocentriques (où on insiste sans cesse sur l’appartenance ethnique et sur une séparation ethnique bien nette) favorisent les comportements et les attitudes ethnocentriques et par là, inévitablement, les tensions et les conflits, tandis qu’au contraire des lois et des structures qui favorisent le dialogue et la coopération entre les ethnies encouragent la coexistence et soutiennent dans ce choix.
8. De l’importance des médiateurs, des constructeurs de ponts, des sauteurs de murs, des explorateurs de frontières. Il faut des « traîtres de l’exclusivisme ethnique » et non point de « transfuges »
Partout où des groupes ethniques, des confessions religieuses etc. vivent ensemble sur un même territoire, au début on ne se connaît pas, il y a peu de familiarité et les relations sont rares. Les personnes, les groupes et les institutions qui se placent consciemment à la frontière entre ces différents groupes et travaillent pour favoriser le dialogue et la collaboration peuvent jouer un rôle significatif. L’organisation de manifestations communes, d’occasions de rencontre et d’actions communes ne se fait pas à partir de rien, mais, au contraire, demande un travail de sensibilisation, de médiation et de familiarisation très délicat, fait avec soin et crédibilité. Si en vivant ensemble, l’identité de chaque groupe doit être préservé, il est aussi important que dans les sociétés de ce type il y ait des gens qui explorent et ensuite passent les frontières. Où il y a des tensions ou des conflits cette attitude pourra être considérée comme dangereuse ou vue comme de la contrebande, et par conséquent interdite. Toutefois elle est essentielle pour assouplir la rigidité, combattre la séparation et la méfiance et favoriser l’inter-action.
Le nationalisme, le chauvinisme, le racisme, le fanatisme religieux etc. menacent sérieusement la coexistence interethnique, bien plus que les facteurs sociaux, écologiques ou bien économiques. Tous les domaines de la vie sociale sont touchés : la culture, l’économie, la vie quotidienne, les visions préconçues, les habitudes ainsi que la politique et la religion. C’est pourquoi il faut absolument reconnaitre en temps utile les moteurs de la conflictualité ethnique et décrisper les conflits. Pour lutter contre ce virus, il faut des anticorps que l’on trouve dans tous les groupes. Les « traîtres de l’exclusivisme ethnique » sont parmi les plus importants, car ils gardent toujours une distance critique, y-compris à l’égard de leur propre groupe d’appartenance. Mais ils ne doivent jamais devenir des « transfuges ethniques », car alors ils perdraient leurs racines et leur crédibilité. Surtout en cas de conflit il est essentiel de relativiser les questions divergentes concernant l’ethnie, de freiner toute tentation de mobiliser des forces protectrices à l’extérieur et, au contraire, de valoriser les liens en commun avec le territoire. Pour faire cela il faut des personnes qui soient capables de dépasser les barrières qui se créent quand l’exclusivisme ethnique est considéré comme la valeur suprême.
9. Une condition essentielle : proscrire toute forme de violence
Quand plusieurs ethnies vivent ensemble sur le même territoire, il est quasiment impossible qu’il n’y ait pas de tensions, de concurrence ou de conflits. Malheureusement les gens se laissent bien facilement impliquer dans des conflits d’origine ethnique et se mobilisent pour eux. Ces conflits suscitent rapidement des mouvements d’émotivité collective, solidarité, unité, ressentiments, sentiments de vengeance etc. dont surtout un conflit ethnique peut porter à se retrancher dans son camp, mais aussi à des réactions où on ne veut plus entendre raison et qu’on arrive difficilement à contrôler.
Dans ce cas un élément essentiel a la priorité : il faut absolument exclure toute forme de violence et réagir avec extrême décision chaque fois que se présente un germe de violence ethnique, car s’il était toléré, il pourrait déclencher des escalades de violence qui pourraient se révéler funestes et incontrôlables et qu’on ne pourrait guère arrêter. Dans ce cas aussi, il ne faut pas avant tout des lois ou les forces de l’ordre, mais plutôt un refus convaincu et convaincant de la violence de la part d’une société qui s’est décidée à résoudre les conflits de façon démocratique et sans recourir à la violence.
10. Il faut des gens qui ouvrent la voie : les groupes mixtes
Quand la tension monte, lors d’un conflit ou simplement dans les différentes situations de coexistence, les groupes mixtes interethniques (mais aussi interconfessionnels et interculturels) ont une valeur inestimable (aussi petits soient-ils). Comme dans un laboratoire courageux de pionniers, ces groupes peuvent expérimenter sur eux-mêmes les difficultés et les opportunités de la coexistence interethnique. Ils peuvent être actifs dans différents domaines : de la religion à la politique, dans le sport ou le temps libre, à l’intérieur des syndicats ou pour des activités culturelles. Ils représentent le terrain le plus avancé dans l’expérimentation de la coexistence dans tous ses aspects pratiques et au même temps l’antidote le plus simple et le plus efficace contre un conflit ethnique qui peut naître partout ainsi que contre le retour à la barbarie ethnocentrique.
(Traduction: Christine Stufferin)
1.3.1994, Publié sur la revue „Arcobaleno“ de Trento, mars 1994