Prix international Prix international Prix 1998: Rwanda

Prix 1997: Algérie Prix 1998: Rwanda
Prix 1999: Chine Prix 2000: Serbie-Kosovo Prix 2001: Moyen Orient Prix 2002: Ecuador Prix 2003: Italie Prix 2004: Pologne prix 2005: BiH prix 2006: Indonésie Prix 2007: Afrique du Sud Prix 2008: Somalie Prix 2009: Iran Prix 2010: Fondation Stava 1985 prix 2011 haiti - dadoue prix 2012: Tunisie
(15) langer Prix 1997-2011 (18) Price 2008 (18) Price 2008 - II (18) Prix 2004 (2) Prix 2005 (13) Prix 2006 (8) Prix 2007 (15) prix 2009 (36) Prix 2010 (6) prix 2011 - haiti (36) prix 2012 - Tunisie (26)

Yolande Mukagasana: Amnesty International et les rescapés du génocide des Tutsi au Rwanda

7.11.2007, La memoire
Je me demande depuis 1997 ce que recherche sérieusement Cette ONG sur nous, les rescapés du génocide des Tutsi du Rwanda.

En 1997, Amnesty international a multiplié les courriers au Président Rwandais de l’époque, Pasteur Bizimungu pour faire sortir un prisonnier qu’Amnesty jugeait prisonnier d’opinion, alors qu’il était accusé de génocide et de viol sur les femmes rescapées. Il y avait plus de quarante témoignages de ces femmes violées contre cet homme. Amnesty n’a pas été indigné de cela, elle n’a rien regretté. C’est honteux.

En 2004, Amnesty a balancé une pétition à signer et à envoyer au Président rwandais actuel, Paul Kagame pour qu’il répare le tort fait aux femmes violées pendant le génocide, comme si c’était lui le violeur de toutes ces femmes ou comme si ce qui était génocide devenait un massacre interethnique. C’est honteux.

Je viens de Molfeta en Cicile. J’ai rencontré un représentant d’Amnesty qui était invité par une école comme moi. Je m’en suis méfié car il semblait plus triste que moi d’avoir perdu tous mes enfants. Il m’a finalement avoué qu’il n’avait même jamais lu aucun de mes livres. De toute façon quand je rencontre quelqu’un comme ça, ce n’est même pas mon cœur qui me fait signe, c’est mon corps car j’ai directement des frissons à la chair de poule.

L’objectif de cet homme était de prouver que le tribunal Gacaca était une justice des vainqueurs. Une absence de justice tout court. Une vengeance maquillée de justice. Une fois encore, il avait une pétition à faire signer par tous ces jeunes.

Cette pétition consistait à s’opposer à Gacaca de Bilyogo, un quartier de la ville de Kigali en discréditant le Président de ce tribunal Gacaca. Même si ce Président avait été coupable de quoi que ce soit, le tribunal Gacaca est collégial. Donc le Président seul ne peut rien faire sans le soutien de son collège.

Heureusement que les élèves avaient tout compris

Dans le temps, avant que le Rwanda n’abolisse la peine de mort, on disait qu’au Rwanda, les génocidaires risquaient la peine de mot  et qu’il ne fallait pas les extrader vers le Rwanda. ? Maintenant comme Amnesty et ses acolytes ne peuvent plus rien dire, ils prétendent que les bourreaux risquent la torture.

Amnesty, combien de génocidaires sont sortis actuellement de prison et qui sont sur les collines du Rwanda?

Par contre, Amnesty, combien de survivants ont été assassinés par ceux qui sortent de prison pour avoir plaidé coupable et qui sont malheureusement victimes de l’idéologie du génocide et ne peuvent plus s’en défaire. Si vous ne connaissez pas le chiffre, les rapports de nos associations comme IBUKA ont trouvé qu’ils sont 400. Les autres victimes du génocide lorsque nous parlons d’après génocide.

Evidemment, ce sont des chiffres pour vous, mais pour nous les rescapés, c’est quatre cent fois l’éteinte d’une vie du nôtre. Quatre cent fois la mort d’une vie de survie. Qui n’était déjà pas une vie.


Maintenant une question : que vous ont fait les rescapés du génocide pour que vous continuiez à nous torturer par vos propos et vos pétitions ?

Vous auriez aimé qu’une femme comme moi soit aussi massacrée pour que personne ne vienne vous montrer que vous auriez été heureux s’il n’y avait pas eu de survivant du génocide?


Je ne suis pas contre des critiques, mais les critiques sans propositions sont destructrices.

Il a été prouvé que si la justice classique jugeait le génocide des Tutsi, cela nous prendrait plus d’un siècle. Le Tribunal international pour le Rwanda, observez par vous-mêmes combien de procès il a pu terminer et comparer son travail à son budget. Ensuite, regarder les maladies contractées par les rescapés pendant le génocide et qui sont incurables.


Amnesty, j’aimerais que vous disiez aux personnes de bon cœur qui vous font confiance ce que vous avez fait pour nous pendant et après le génocide. Pour vous, c’est comme si nous avions eu ce que nous avons mérité. C’est comme si mes enfants avaient été coupables de m’avoir eu comme mère. Vous ne pouvez vraiment pas être tout simplement des humains ?

En tout cas, moi je vous demande une chose, c’est de ne plus jamais me suivre sur ma route de lutte contre la mort des hommes par les mains des autres. C’est de ne plus mettre les pieds là où je vais témoigner du génocide tant que la mort ne veut pas de moi. Attendez lorsque je ne serai plus là et faites ce que vous êtes habitués de faire. Ne me poursuivez plus.


Tout homme peut tomber, l’essentiel est de pouvoir se relever. Vous aussi, faites votre examen de conscience. Arrêtez de faire la politique destructrice, faite une politique plus humaine.


Yolande Mukagasana

Rescapée


pro dialog